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Août 1849.


LA SAVOIE — LE MONT-BLANC.




« Quel avantage retire l’homme de tout
le travail qu’il fait sous le soleil ? »
Ecclésiaste.


166 Par les feux du jour, l’enfant de la Savoie se penche sur le sillon ; il détache les grappes mûres de leurs trônes de hêtre ; ou bien il rampe, chargé de ramée, le long des croupes des Alpes.

Quand l’hiver secoue sur la nature les glaçons de sa robe, on le rencontre le long des chemins, se hâtant vers les cités lointaines où les plus durs travaux lui sont réservés.

Pareil à la fourmi, toujours il travaille ; la fatigue ne le surprit jamais pendant les semailles ou les vendanges. Son père octogénaire est mort, la faulx à la main ; il mourra, près de son jeune fils, en lui apprenant à couper les plus hauts sapins au plus haut des rochers.

Il meurt pauvre, le rude montagnard ! Les fonctionnaires et les soldats passent dans ses villages et dispersent ses épargnes du bout de leur pied superbe. Triste est le sort de l’homme qui n’a pour