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Août 1849.


LE BAS-VALAIS.




157 Qu’on se figure une étroite galerie dont les deux murs sont les Hautes Alpes ; la voûte, une bande du ciel ; le sol, un marécage, et qui s’étend de Saint-Maurice à Martigny, trois mortelles lieues. Deux issues à cette prison naturelle : l’une, le pont de Saint-Maurice, arche qui s’appuie sur deux colosses de granit, et sépare le canton de Vaud de celui du Valais ; l’autre, la route qui conduit, par Sion, à Domodossola et à la frontière d’Italie.

À gauche, le Rhône impétueux, noir de vase et de terre, si peu large qu’un homme pourrait le franchir d’un bond. Les plus grands fleuves viennent au monde comme les enfants, nus sur leurs rivages, criards, remuants, endigués et sales, entraînant après eux leurs enveloppes maternelles. Ainsi le Rhône naissant roule vers le lac de Genève les blocs et les glaçons arrachés des flancs de la Furca féconde. La principale artère de l’industrie française n’est encore à Saint-Maurice qu’un pauvre ruisseau tremblant de froid ; le superbe fleuve,