Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Je voyagerai. — Lendemain et voyage, avenir et immensité, sont des idées congénères. La terre ne manquera jamais sous nos pieds, car nos ressources augmentent à mesure que nous multiplions. Les hommes ne craignent pas qu’il y ait jamais disproportion entre leurs désirs et leurs ressources, entre la population et les richesses ; les Malthusiens qui discutent cette question s’avouent perclus par une lâche crainte. Ne savons-nous pas qu’il y a des mondes captifs 153 dans les humides cachots de l’Océan ? Au milieu des terres habitées, notre vue n’est-elle pas affligée par des savanes que déchirent les ronces et les asphodèles ? Ne pouvons-nous reboiser les montagnes et abreuver la terre par des irrigations ? La fertilité et l’abondance sont inépuisables, quand nous réunissons nos forces pour vaincre la nature, au lieu de les tourner contre nous-mêmes. Combien de bras qui demandent en vain du travail ? Que de grandes intelligences et de grandes passions s’éteignent, faute d’éléments assez ardents pour les entretenir ? L’homme a tenté l’escalade du ciel ; il a conçu les plus sublimes révoltes. La Foi qui ne se décourage jamais, l’Espérance aux pas agiles, et la Conscience de son droit de vivre le soutiendront dans sa rebellion.

Les philosophes et les économistes peuvent traiter le problème de la population ; toujours la race d’Adam répondra par un immense éclat de rire à leurs solutions parfaitement anti-naturelles. Pour elle, cette énigme si redoutable n’a qu’une solu-