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glaciers du Mont-Blanc, comment la vigne amoureuse embrasse l’ormeau d’Italie ; je dormirai dans Venise bercée par les flots bleus, je respirerai la 149 fumée du Vésuve, je saluerai le Colysée, le Môle d’Adrien, le Cirque de Néron et le Dôme de Saint-Pierre ; j’arracherai des blocs de marbre au Parthénon.

J’irai, j’irai sans cesse ! Je cueillerai la verte olive, la grenade écarlate, et l’orange dorée par le soleil d’Espagne. Cadix, et Lisbonne, et Gênes, et Florence me verront, et je saurai si les villes déchues sont plus sombres que les hommes blasés.

Plus loin, plus loin encore ! Je débarquerai dans Londres la superbe, je caresserai la crinière de l’Océan, je parcourrai les plaines de la verte Erin, je gravirai les monts Calédoniens ; je m’étendrai sur le rapide charriot du Cosaque et sous la hutte hospitalière du Lapon.

Toujours plus loin ! Je visiterai Constantinople, cité des minarets et des coupoles, clef de trois mondes, métropole rêvée par tous les maîtres du monde, reine que les océans saluent du fracas de leurs eaux ! — Alger et Tunis ; — les rivages où mouillaient les flottes de Carthage ; — le désert aux sables mouvants.

Et puis la riche Asie : — Bassora, Trébizonde, Ophyr la magnifique, La Mecque, hôtellerie des caravanes. Jérusalem, dont les reliques firent couler tant de sang ; — l’altier Himalaya, l’Indus au lit profond, et le Gange sacré que battent sans répit les steamboats de l’Anglais.