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tres gardiens que l’air des nuits, la lune et sa cour d’étoiles.

— Poursuis ton chemin, voyageur !

Semblable aux meilleurs fruits des bois dont jamais la culture ne put reproduire la saveur, le Génie ne croît que loin des vapeurs que les hommes respirent dans les cités. Puisses-tu l’atteindre ! C’est une ambition sublime qui te pousse à parcourir le monde.


— Où vas-tu, voyageur ?

146 Ta famille attristée se presse autour de ta voiture ; tes serviteurs la tapissent d’un duvet moëlleux, et ton cocher retient l’ardeur des chevaux qui ne doivent te traîner qu’au pas.

— Hélas ! la Santé régnait en souveraine sur le trône resplendissant de ma vie, lorsque, fille de l’éternelle Vengeance, la Maladie lui a ravi son empire. Depuis ce temps, sa main décharnée secoue mon corps, mes jours sont la proie de la douleur, et le sommeil s’est éloigné de mes paupières jaunies. On dit que l’eau des mers peut rendre la santé et la vigueur ; Vénus, l’amoureuse, est sortie de l’écume d’Amphitrite ; je vais me plonger dans l’eau salée des mers.

Poursuis ton chemin, voyageur !

Que la Santé si prompte à la fuite, bien suprême sans lequel tous les autres biens nous deviennent pesants, que la santé fraîche de couleurs, rose de joie, te revienne bientôt.