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Et puis il évoqua plusieurs apparitions que les vagues dociles déposèrent, l’une après l’autre, sur le sable du rivage. Et j’écoutai ; et voici ce que j’entendis :


— Où vas-tu, voyageur ?

Ton coursier polit ses fers sur le sable, ton œil impatient mesure l’étendue des collines.

— Je cherche ma bien-aimée. Tant que je ne l’aurai pas retrouvée, on entendra mes éperons d’argent sur les dalles des châteaux et des cloîtres. Car elle est de noble race et mes ennemis ne l’eussent pas renfermée dans une prison vulgaire.

— Poursuis ton chemin, voyageur !

C’est une puissante passion qui te pousse à parcourir le monde.


— Où vas-tu, voyageur ?

Ta main est armée du bâton ferré, tes pieds sont protégés par la chaussure des montagnes, et tes jeunes épaules fléchissent sous le poids de ton bagage.

— La nature seule crée les grands artistes ; je vais lui demander l’inspiration que me refusent les villes peuplées. Je brûle de m’asseoir sur les genoux des rochers et de boire les larmes des fontaines. Je veux me lever avec l’aurore, voir les premiers feux du soleil, et le suivre jusqu’à ce qu’il meure au sein des mers profondes. Je veux dormir sous le pavillon des cieux, n’ayant d’au-