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d’avoir empoisonné comme un gaz que nous ne voyons pas, comme un virus délétère, comme l’égoût qui coule sous nos pieds et qui va troubler les grands fleuves.

La pâle Mort trépigne sur son corps, il ferme les yeux pour ne pas rencontrer son affreux sourire, et la voix recule au plus profond de ses poumons. Il n’ose pas réfléchir sur le sort qui l’attend dans une autre existence. Crucifiement horrible qui suffit pour racheter toute une vie de forfaits !




— Roulez donc civilisés ! Sus aux places ! Sus à l’or ! 142 remplissez les tripots et les maisons de jeu. Roulez, roulez toujours ! Au fond du gouffre du déshonneur, vous attendent l’Impudence au front d’acier, le Désespoir en guenilles, et l’Infamie qui joue des âmes d’hommes sur un coup de dés !

Hélas ! que j’en ai vu faillir de jeunes hommes ! C’est la société. Il faut une proie à l’injustice et du bois à la flamme ! Il faut que le scorbut fasse tomber les dents ; il faut que la gangrène pénètre jusqu’à la moelle de nos os ! Il faut que la corruption foule de jeunes femmes sous ses pas ! Il faut que nous nous développions, comme les vers, dans les fumiers ! Et plus tard, que nous-mêmes servions d’amorces ! !

— À qui se fier maintenant ? Dans quel cœur verser son cœur, dans quelle vie noyer sa vie,