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croit se donner de 141 l’importance en disant à qui veut l’entendre qu’il médite un régicide. Celui-ci vous annonce confidentiellement qu’avant huit jours il y aura du nouveau. Celui-là dégonfle son cœur à mesure qu’il vide son verre. Et puis tous se plaignent d’être vendus, et passent leur temps à se juger les uns les autres et à provoquer ainsi de nouvelles révélations. Si j’étais ministre de la police, je ferais une rente aux réfugiés.

— Aussi, pourquoi y a-t-il des gens qui se croient dispensés de tout travail dès qu’ils ont dit : « Nous sommes des hommes politiques ? » Pourquoi y a-t-il des partis qui les soutiennent, des polices qui les emploient et des estaminets ouverts à leur fainéantise ?

Pourquoi vivons-nous en 1854 ?




Les derniers instants d’un mouchard doivent être affreux, lorsqu’il est susceptible de songer à la vie future. À cette heure suprême où, pareil à un auteur fatigué, l’homme écrit fin sur la dernière page du livre de sa vie, un irrésistible besoin de confidence s’empare de lui. Alors, nous faisons le résumé de nos actes et de nos pensées, nous sentons que nos semblables vont feuilleter avec avidité cette publication nouvelle, et nous la relisons avec un ami.

Mais lui, qui n’a personne, à qui confiera-t-il ses remords ? Et que confesserait-il ? Il ne peut pas dire qu’il a tué ; à peine pourrait-il s’accuser