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payés par le gouvernement. Mouchards sont encore ceux qui espionnent pour les partis, pour les banquiers, pour les officiers supérieurs, pour les rois de boutique. Mouchard est celui qui, dans les sociétés ou dans les familles, divise par des calomnies intéressées. Mouchard, est l’héritier qui épie les derniers soupirs d’un vieillard. Mouchard, le domestique ; mouchard le soldat ; et mouchard, le prêtre : mouchard enfin, tout homme à qui sa rapacité fait oublier son honneur, et qui ouvre, dans la main dorée de son maître, sa droite pleine de trahisons.

Faites le compte.




140 En vérité, en vérité, la police ne disparaîtra que par sa généralisation même. Il faut qu’elle couvre le monde d’une inondation de fange.

Si tous les hommes se mouchardaient, il n’y aurait plus de mouchards. La police, ainsi que tous les monopoles, constitue une société dans une société, une hiérarchie dans un monde. Dépouillez-la de ces caractères, elle meurt.

L’universalisation de la curiosité et de l’inquisition produira l’opinion publique qui jugera de tout moins partialement que les tribunaux, la presse et les clubs. Elle ne pourra jamais nuire quand les hommes vivront sous le régime de la liberté et de la justice, parce que leurs jugements seront sincères et que leurs opinions se corrigeront les unes par les autres.