Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/254

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Sierras grises, comme une flamme de soufre échappée des volcans ? Alors raconte-moi les exploits de ceux que tu commandes ?… Ou bien encore, corsaire audacieux, fils de l’écume des mers et de l’éclair du ciel, tes canons ne répondent-ils qu’aux éclats du tonnerre, aux imprécations des équipages naufragés ? Alors montre-moi ta rouge flamme, et fais-moi savoir dans quels parages ton vaisseau trace son sillon sanglant ? == Brigand ! hâte-toi de vivre ; les têtes comme la tienne ne restent pas longtemps sur leurs épaules aujourd’hui.

— Je ne suis pas brigand, et je gagne ma vie avec la vie de mes semblables.

— Tu es donc assassin ? Tu te glisses donc la nuit, le long des 136 murs, derrière la victime que tu convoites, tu te caches donc sous son lit, tu forces donc sa porte, pour arriver jusqu’à sa vie ? Tu sais donc préparer les poisons subtils ? Tu connais donc le remords que la brise des forêts et la lune argentée laissent au cœur de l’homme qui les rend témoins de ses meurtres ? Tu marcherais donc sur le corps de ton père, s’il te barrait le chemin ? == Assassin ! si la société t’a fait ce désespoir, elle est plus coupable que toi.

— Je ne suis pas assassin, et je gagne ma vie avec la vie de mes semblables.

Serais-tu donc voleur ? Voleur d’or ou voleur de pain ? Banquier, propriétaire ; ou simplement escroc ? == Voleur ! tu es lâche si, pour dévaliser la société, tu as besoin de son aide ; tu es perdu,