Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne sont propres à rien, et qu’ils sont propres à tout, parce qu’ils se chargent, sans répugnance, de tout ce que les autres ne veulent pas exécuter. Schnepp faisait des représentants, comme Warwick faisait des rois ; il n’était rien, et il était tout ; pas une ambition républicaine ne pouvait se passer de son patronage. C’était une épée à deux tranchants, un de ces artisans d’émeute qu’on trouve toujours prêts à pousser les autres, à parler ou à écrire, parce qu’ils en font métier, et qu’ils n’ont pas besoin d’attendre l’enthousiasme vengeur et l’inspiration sacrée. Comme tous ceux de son espèce, il ne pouvait vivre qu’au milieu des partis influents et agités ; il lui fallait un déguisement, du bruit et de la foule. Sortez de pareilles gens de semblables conditions, ils n’ont plus de raison d’être ; leurs grands besoins ne sont plus satisfaits ; et cependant ils ne peuvent se résigner aux privations. Ce sont ces malheureux que la police dispute sans cesse à l’organisation des partis ; nouvelle preuve à l’appui de l’utilité de ceux-ci.


Ainsi tomba Schnepp. Combien d’autres glisseront encore dans cet étroit sentier qui sépare les deux gouffres de la démagogie et de la police. J’ai pitié de l’homme qui se fait espion, mais je n’ai pas le droit de le condamner. Je ne puis le juger même qu’à mon point de vue, et je n’agirais pas comme lui.

135 Le jour où je manquerai de tout, s’il ne me