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prisonner, qui subit, à cause de vous, un jugement infamant, contre lequel vous publiez une lettre sanglante : et 132 vous voudriez que cet homme acceptât tout sans mot dire ? Cela n’est pas possible ; si vous étiez à sa place, comme lui vous chercheriez à vous blanchir. Bien plus, il n’y a pas un homme qui consente à supporter le poids de sa propre humiliation. S’il a du courage, il se tue dans le premier moment de sa honte. S’il a peur, il se persuade que le suicide est une lâcheté, et cherche des excuses à ses plus noires infamies. Le mouchard a des convictions et un orgueil à lui. M. Delahodde n’a-t-il pas écrit que les chiens de chasse étaient utiles pour détruire les animaux nuisibles, et qu’il était un chien de chasse ? Je ne vois pas pourquoi M. Schnepp ne finirait pas par se convaincre qu’il sauvegarde la société.


Eh ! mon Dieu ! n’allons pas chercher les mouchards si loin. En quoi tel ou tel citoyen, qui va porter chaque jour ses rapports à un chef de parti diffère-t-il donc tant de M. Schnepp adressant les siens au préfet de police ? Dans le but, direz-vous ; la fin justifie les moyens. Aux Jésuites, ces raisons ; à un autre chien, cet os. Quant à moi,

« J’appelle un chat un chat, et Rollet un fripon. »

J’estime que les gens qui espionnent pour le compte de M. Ledru et de M. Étienne Cabet, sont aussi bien mouchards que les agents secrets du gouvernement. Et j’ai le droit de le dire, parce