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ments, ils revêtent tous les costumes, déclament sur tous les tons, et font serment de républicanisme cent fois le jour. Ils s’informent près de chacun des nouvelles politiques, les colportent, les altèrent, les interprètent suivant l’esprit de leurs auditeurs. Ils scrutent l’opinion, étudient le regard, se disent réfugiés dans une maison, artistes dans une autre, commis-voyageurs dans une troisième. Ils cherchent des leçons et n’en trouvent jamais. Ils entreprennent mille brillantes affaires et ne font jamais rien. Ils ne possèdent aucune ressource et mangent bien, boivent mieux, jouent gros jeu, courent les filles, changent tous les mois de logement, et ne se refusent aucune des jouissances de la vie.

Les pauvres gens ! c’est un ingrat métier qu’ils font-là, un métier qui commence et qui finit par la misère et le déshonneur !




SCHNEPP LE MOUCHARD.


C’était dans une cellule de prison. La nuit était tombée ; une chandelle baveuse jetait dans un coin ses dernières exhalaisons. Une paillasse humide sur le sol, huit pieds carrés, quatre murs de pierre, une grille pour l’œil du guichetier, un soupirail pour les plaintes du vent, d’énormes verroux, un froid de Genève, un cachot de Genève enfin !… voilà pour la description des lieux.