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l’impériale, les cheveux plats et longs, le chapeau à large bord complètent le personnage.

Voici ce qu’il dit : « Sous le dôme du ciel qui m’entend, personne n’est aussi républicain que moi : avec qui voudra, je le gage. Je méprise la science et les doctrines sociales ; je ne suis que les impulsions de mon cœur. Les septembriseurs seuls comprirent la révolution française. Gloire et amour au tribunal révolutionnaire dans les siècles des siècles !… Rage de ma vie ! Vous verrez que 126 tous ces propres à rien, que vous appelez les chefs du parti démocratique, n’auront pas le cœur de tuer Bonaparte, et qu’il faudra que je salisse ma propre main de cette putréfaction ! Aussi vrai que mon cœur bat, qu’on me fournisse seulement cinquante hommes déterminés comme moi, et je fais flamber la France comme une poignée de chanvre. Alors mes maîtres, je vous enseignerai la manière de diriger une révolution ; je vous apprendrai de quels hommes on entoure le pouvoir ; comment on travaille les têtes des rois, des aristocrates et des prêtres ; quels impôts on prélève sur les riches ; avec quel raffinement inquisitorial on rédige des tables de proscription, comme on peut enfin torturer, noyer, retrancher et déporter sans bruit tous les suspects. Je vous montrerai à fonder la république à l’intérieur, et à imposer la domination française dans les contrées les plus lointaines. »

Certes, la démagogie la plus chaude et le plus égayant chauvinisme ne trouveraient rien à ajouter à des protestations aussi enthousiastes.