Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/237

Cette page a été validée par deux contributeurs.

autres, comme nous le sommes tous, dans lesquelles on s’asphyxie d’hydrogène carboné sous prétexte de se saturer de plaisir.

Et puis l’épargne règne en souveraine sur nous. En fait de bien-être, le civilisé est réduit à se délecter d’une demi-tasse, il ne peut l’offrir qu’à charge de revanche. Combien serait différente de la nôtre la société où tous les biens de la terre seraient mis en circulation constante, où tous les délassements de la vie seraient prodigués aux hommes suivant leur choix, en échange du travail qu’ils peuvent donner ! Alors ce serait le règne des contrats, l’association générale assurée par le droit de chacun au travail et à la liberté. Alors les cafés disparaîtraient comme tous les mauvais lieux, restes hideux des siècles de monopole.


« Les hommes se rompent la tête pour savoir comment la nature a pu produire un Iscariote, et le moins pervers d’entre eux trahirait pour dix deniers la très-sainte Trinité. »
Schiller

— Avez-vous remarqué cet homme au front bas, au regard oblique, au sourire contracté, qui va de table en table, liant conversation avec tout le monde ? Il passe la majeure partie de sa vie penché sur le billard. Il porte une cravate rouge, un pantalon frangé par en bas, une chemise crasseuse, des souliers et un habit dont la brosse n’approcha jamais ; il fume la pipe marseillaise. La moustache,