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Juillet 1849.


GENÈVE.




111 Genève sombre et noire, comment passes-tu la vie ?

Quand la bise s’engouffre dans tes tristes rues ; quand l’eau gèle et que le bois se fend, voit-on suinter une larme sur ton visage de pierre ?

Ville plus glacée que la bise ! qui pourrait t’arracher des pleurs ?

Genève ! quand les vagues du lac t’apportent les vœux des cités voisines, que leur réponds-tu ?

Ville muette ! quel autre messager que le Dieu du vol fut jamais bien reçu à tes portes de fer ?

Genève ! quand les bateaux du Léman apportent sur tes rives la foule bigarrée des voyageurs, flot d’or dans lequel tu puises à pleines mains, quelle sorte d’hommes envoies-tu pour les accueillir ?

Ville de trafic ! comme d’avides araignées, tes aubergistes seuls sortent de leurs demeures et s’en vont lentement saisir leur proie le long des quais.

Genève ! quand le dimanche joyeux secoue ses