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Si c’est la santé qui règne partout, tous les organes en auront leur part ; si c’est la maladie, tous seront malades.

Je reprends ma comparaison. Si un obstacle s’oppose à la circulation, au poignet par exemple, les artères qui, par en haut, apportent le sang jusqu’à cette partie, et les veines qui le ramènent par en bas, s’élargiront peu à peu, afin que le cours du sang soit ralenti dans un passage qu’il ne franchit qu’avec peine. L’élargissement de ces vaisseaux leur fera perdre leur élasticité, ils ne chasseront plus le sang avec la même vigueur, et le laisseront stagner et former des engorgements. De proche en proche, cette disposition maladive s’étendra jusqu’aux autres parties, et enfin jusqu’au cœur, dont les cavités se dilateront outre mesure, et qui ne pourra plus remplir ses fonctions. Peu à peu les organes et les membres où ces vaisseaux passent pâliront, s’amaigriront et tomberont gangrenés, ils ne fourniront plus au corps leur part d’action et leurs fluides nourriciers. Partout, à mesure que la circulation sera interceptée, la vie s’éteindra graduellement. Enfin, avec le cœur, l’homme périra, comme un arbre sans sève, comme une campagne sans eau.

De même entre les nations. Dès que l’une d’elles ferme son territoire aux produits des autres, celles-ci sont obligées de lui répondre par des mesures analogues. Nulle ne gagna à cette défiance générale ; toutes au contraire dépérissent dans l’isolement, entre les frontières qui les com-