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qu’une équitable répartition des choses, il y a une différence capitale. Le premier est un Icarien, un despote ; le second sait concilier la liberté nécessaire à la vie de l’individu avec la solidarité indispensable à l’entretien de la société. L’examen le plus superficiel du corps humain suffira pour convaincre qui que ce soit de cette vérité. J’ajoute que je ne fais qu’exposer mes vues, tandis que les autoritaires entendent imposer leurs systèmes.

Avec la prohibition, tout ce qu’un peuple pourrait livrer de meilleur et de moins coûteux est proscrit chez les autres. Cette 99 disposition est également nuisible à la nation qui produit et à celles qui consomment. La première est obligée de vendre à bas prix chez elle les produits de bonne qualité dont elle regorge ; les secondes sont contraintes d’acheter à prix très élevé, sur place, les mauvais produits dont elles manquent. D’où résulte, pour chacune d’elles, un appauvrissement dans les richesses générales ; chez l’une par le défaut des rentrées, qu’eût produites une vente avantageuse ; chez les autres, par l’excédent des déboursés que nécessite un achat onéreux.

Et comme pour être utiles, toute consommation et toute production doivent être reproductrices de richesses générales, il suit encore que la production et la consommation des peuples ne sont utiles qu’à ceux qui les entravent. Avec le système de prohibition, plus une nation sera riche, industrieuse et favorisée par la nature, plus son aris-