Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tout ce que l’originalité et l’indépendance d’esprit peuvent provoquer de jalousies et de haines, fut son partage.

Individualiste dans le sens le plus large, le plus élevé, il n’était pas de ceux qui acceptent les mots d’ordre et les exécutent les yeux fermés. Ainsi il se heurtait aux prétentions dominatrices des partis et refusait de se courber sous les injonctions des pontifes et des Césars de la proscription.

Libertaire dans l’âme, ne voulant ni dominer ni être dominé, Cœurderoy tint tête aux coteries de l’exil et les brava, de même qu’il brava l’Empire, dont il repoussait dédaigneusement l’amnistie.

Les combats sans trêve qu’il a dû livrer exaltèrent son esprit et meurtrirent son cœur. Il leur doit d’être devenu un écrivain vibrant, d’une extraordinaire sensibilité. Ses colères ont la lumière des éclairs et le retentissement de la foudre, sa pitié a des tendresses exquises, des mansuétudes presque féminines, et son indignation a la pénétration du fer rouge dont les brûlures laissent des traces indélébiles.

Mais les Jours d’Exil ne sont pas un pamphlet virulent, ils sont une œuvre d’histoire, un évangile de la liberté. Dans les pages de ce livre passent et vivent, avec des personnages qui eurent leur heure de célébrité, les masses sombres