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latines regrattées par les princes de la science.

Je ne portai pas davantage le deuil de ce grand monde où se démênent tant de petites ambitions, où brillent tant de petits esprits, où ne parviennent que les vers qui rampent au plus profond de la fange.

On ne me vit pas non plus pleurer sur des maîtresses d’un jour, manière d’exutoire physique ou moral qui vous cuit plus qu’il ne vous soulage, ni m’attendrir sur des amis qui me reniaient déjà, pressés qu’ils étaient de fouiller leur vie dans le fumier social ; ni sur ces connaissances banales dont chacun peut s’approvisionner amplement, et qui ne vous serrent la main qu’autant que votre position sociale est profitable à leurs intérêts.

Qu’essé-je fait à Paris ? Mon esprit n’était point touché par les brillants spectacles d’un luxe homicide ; je n’étais pas de ces Philintes de grandes villes qui ont tous les hommes pour « chers amis », et qui parcourent leur route en passant sur tous. Je m’en éloignai donc, et depuis bientôt cinq ans, je n’ai jamais désiré revoir cette fourmilière bruyante dont les habitants se rencontrent, se perdent, se croisent, se heurtent, se prennent et se quittent sans compter les uns sur les autres plus que de raison ; où l’on achète l’amitié, comme l’amour, à des êtres insolvables et vides d’affection.

Je m’écriai avec le Psalmiste : « Éternel ! délivre-moi, par ta main, de ces gens, des gens du monde dont le partage est dans cette vie, et dont tu rem-