Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/172

Cette page a été validée par deux contributeurs.

neur qui aient surnagé du naufrage des générations précédentes.

Siècle de fer, d’argent et de fange, replet de corps comme un banquier chanceux ; plat de loyauté comme un billet de banque, siècle de bourgeois avilis, de femmes vendues, de Catilinas rabougris, de propriétaires faméliques, de calicots blâsonnés et d’épiciers dignitaires, parviendrai-je à te faire rougir en fatiguant tes oreilles de Midas des noms de quelques hommes, les seuls qui aient échappé au général rapetissement de l’espèce ?…

Non, tu te cacheras dans tes tripots et dans tes comptoirs, comme dans les joncs fangeux le royal amant de l’or. Et quand viendra le soir, quand la pâle orgie se lèvera, soûle encore de sa couche souillée, les coassements de batraciens immondes célébreront ta gloire.

Oh ! du moins j’aurai cherché à troubler ce concert d’admiration mutuelle, ce cri des grenouilles bourgeoises, courtisanes des ténèbres, qui ne savent faire autre chose que de demander des rois, et de se laisser croquer par eux !




DE PARIS À GENÈVE.


J’avais résolu de me rendre en Suisse. J’avais rêvé de ce pays, de l’Écosse, de l’Espagne, ces trois oasis que l’infatigable main de la civilisation n’a pas encore détruites. Ce n’est que bien plus