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qui vient voler autour de sa cage et l’égaie de ses chants ; — le voleur a ses complices ; — le galérien est rivé à un autre galérien. Mais l’exilé partout est seul.

Ne peut-il donc révéler son nom ? N’est-il pas d’heureux rivages 80 que son pied pourrait toucher sûrement ? N’est-il pas de pays libres qui l’accueilleraient avec joie ? Des femmes exceptionnelles ne s’attacheraient-elles pas à lui, en raison même de son malheur ? Enfin ne sont-ils pas errants par milliers, ceux qui partagent son sort et recherchent sa main ?

Hélas ! hélas ! le monde est bien vieux, les nations bien pressées les unes contre les autres, les hommes bien petits et les femmes bien vénales, aujourd’hui que l’Europe ne tourne que par bonds sur son essieu vieilli. Nous n’écrivons pas un roman, mais une triste histoire, malheureusement trop vraie.

Hélas ! il n’est pas de pays où l’exilé soit en sûreté. Où qu’il aille, il connaîtra l’avilissant attouchement de la main policière. — Car toutes les polices sont sœurs, comme toutes les libertés.

Hélas ! il n’est pas de rivage où ne soit amarré, brillant sous ses agrès, le navire qui doit l’emporter à la mer. Ou s’il veut trouver un asile plein de douleurs, qu’il aborde sur les blanches falaises d’Albion ou de New-York. — Là du moins, la glorieuse race des Saxons lui laissera la liberté de mourir de faim !

Hélas ! parmi ceux que le sort lui donna pour