Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Juin 1849.


VOYAGE EN CONTREBANDE.





DÉPART.


J’écris comme citoyen du monde…..
De bonne heure j’ai perdu ma patrie pour
l’échanger contre le genre humain que je
connaissais à peine en imagination.
Schiller.


76 Compris parmi les accusés du 13 juin, je fus sollicité d’échapper par l’exil à la déportation qui m’attendait. S’exiler, c’était fuir la désespérante oisiveté et l’ennui poignant de la prison, c’était m’épargner la vue de ma mère de l’autre côté d’une grille. Je partis donc. Aussi bien, j’étais suspect, ce qui me rendait à charge aux braves gens qui me cachaient.

Changer de nom, telle est la première et la plus pénible des épreuves de l’exil. Pour la comprendre, il faut l’avoir subie. Se séparer de son nom, c’est se séparer de son corps et de son cœur, c’est briser avec son passé, s’isoler d’avec le présent, se couper tout avenir, abdiquer sa liberté, se re-