Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome I.djvu/159

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et qui, refermant sa fenêtre, se remettrait péniblement à noircir une feuille de papier. Cet homme-là pourrait être un savant, à coup sûr ce ne serait pas un artiste.

Où que la voix de la Liberté m’appelle, je répondrai. À quelque heure que ce soit, dans quelque pays qu’elle combatte, mes pas l’y suivront. Pourrais-je d’ailleurs résister à la passion qui me pousse ? Celui-là n’est pas homme, qui reste neutre quand autour de lui d’autres hommes tombent dans la lutte glorieuse.

Quoique les défenseurs de la Liberté soient encore enrégimentés, comme les soldats du despotisme, j’entrerai dans leurs rangs. Quoiqu’ils n’osent pas arborer le drapeau du travail, je suivrai leur étendard, — c’est encore le moins souillé de tous. — Quoiqu’ils ne fassent encore que balbutier cette grande pensée : « Solidarité des peuples », je m’élancerai quand ce cri retentira.

Des deux partis qui divisent l’Europe, l’un a pour but avoué la conservation des rois ; l’autre, l’avènement des masses populaires : cette différence me suffit. D’ailleurs, la honteuse voix de l’intrigue est toujours étouffée par les clameurs de la révolte ; le jésuitisme ne devient redoutable que le lendemain de la victoire, alors qu’il s’est emparé des positions. Mais alors aussi, une nouvelle opposition se forme, qui accepte les efforts des hommes de bonne volonté. C’est ainsi que, d’émeute en émeute, d’insurrection en révolte, nous marchons.