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mes de douleur pour les rassembler ensuite dans un immense arc-en-ciel : grand fleuve qui se retire, béni de ces mêmes plaines qui l’avaient accueilli par un concert d’imprécations.

« — Où qu’il vous mène, suivez le cours de la Révolution ; ne cherchez ni à le remonter, ni à le couper témérairement. Imitez le roseau, imitez le lin des voiles qui tamise la tempête, tandis que le grand mât éclate dans l’impuissance de sa rage. Imitez les laboureurs d’Égypte, qui préparent leurs champs pour recevoir le Nil, et sont payés au centuple de leur hospitalité. Ne vous raidissez pas contre la Révolution, ne défiez pas la Mort : ce sont les divinités les plus amies des hommes. »

Ainsi parlera l’âme de Laviron, brillante dans les traits mâles, dans la voix ferme, dans le corps souple de quelque jeune révolutionnaire. Et les peuples suivront les conseils de sa virile audace. Et la Révolution passera, féconde, au milieu des nations auxquelles elle coûtait naguère tant de batailles, de guerres civiles, de pleurs et de sang.




13 JUIN.


71 Les peuples ont profité des leçons des rois ; ils tentent de délivrer l’Europe, en jetant sur elle la trame d’une sainte-alliance démocratique. L’insolent défi de 1815 a été relevé en 1848 ; — c’était une réparation que les peuples devaient à leur pro-