chercher à la consacrer parmi les hommes libres.
Heureux ceux qui t’ont connu, qui pressèrent ta main dans la 65 leur, qui peuvent se rappeler ton attitude, tes traits et le son de ta voix. Je ne connais de toi que ta mort ; c’est mille fois trop pour me laisser d’éternels regrets.
Que les détracteurs de toute gloire audacieuse s’acharnent sur tes dépouilles ; que les petits démocrates de la France te renient pour leur frère, fils géant de l’humanité ! Qu’ils évitent de prononcer ton nom devant un peuple abruti par un chauvinisme stupide ! Je dirai que ta folie fut sublime, et que parmi les plus révolutionnaires d’alors, il s’en trouva peu, qui n’en fussent scandalisés. Et je t’apporterai l’humble tribut de ma reconnaissance.
Pour nous, exilés de la terre, bannis de toute affection humaine, c’est une amère consolation et un lointain espoir de jeter un regard d’amour sur les tombes de ceux qui moururent dans l’accomplissement d’une tâche réprouvée.
La tunique que Laviron portait dans le combat fut recueillie par le compagnon de ses travaux, par Chancel, noble existence réservée pour de nouvelles épreuves. Elle sera religieusement conservée parmi nous jusqu’à ce que le soleil de la démocratie se lève sur des jours meilleurs, sur des jours de guerre et de triomphe.
Elle est rouge la tunique de Laviron ! couleur de la vie, couleur du sang, couleur du vin vermeil, de la mer phosphorescente, des feuilles et