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assistent l’arme au bras, à vos exploits de titans. Quoi ! vous serez admis à baiser la mule du successeur des apôtres, vous porterez, sur vos poitrines, son économique médaille, et vous chanterez des Te Deum à l’Éternel des armées, sous le dôme de Saint-Pierre. Hosannah !… Après tout, Rome vaut bien une messe, et toute lèpre est blanchie par l’eau bénite !




LAVIRON.


Le jour où Rome succomba sous le nombre, fière comme au temps des Gracques, après une résistance immortelle, un homme tomba sur ses décombres. Ce fut le sceau du sang apposé sur l’œuvre du crime.

64 Cet homme tenait sa main crispée sur la poignée d’un sabre ; il portait l’uniforme des braves que Garibaldi guidait à la victoire ; les doubles insignes du commandement brillaient sur ses épaules. Ses traits étaient ceux d’un guerrier étranger.

Aucune croix ne décorait sa poitrine. Mais, sur sa tunique, on voyait le trou d’une balle par lequel, avec son âme, s’échappaient les flots de son sang.

Jeunes hommes de toute nation, qui aimez la liberté, rappelez-vous son nom glorieux. Ce mort, c’était Laviron, le jeune capitaine au cœur d’or, déjà victime, l’année précédente, de son amour pour la Pologne !

La balle qui l’étendit sans vie fut dirigée par