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ches hurlent, secouées par la main du Carnage ; les maisons s’écroulent sous le feu ; du haut des toits disjoints, volent tuiles et meubles qui menacent vos têtes ; aucune fenêtre ne s’ouvre, pas un mouchoir n’est agité. Quelle entrée triomphale !

Mais quoi !… L’honneur du drapeau tricolore est engagé. Et juste ou infâme, la cause de la noble France n’est-elle pas toujours celle de la première des nations ? Oui, la première, comme sont les premiers des hommes ces chevaliers de boutique qui égorgent dans les cimetières des combattants désarmés. Dérision et blasphème !

Achevez votre besogne de bourreaux, magnanimes guerriers ! Déployez votre loyal courage dans ce tournoi brillant. Les nations saisies de dégoût détourneront la tête ; les libres citoyens de Rome s’écarteront de vous avec horreur ; les jeunes filles se riront de vos regards conquérants. Car jamais cœur de femme ne pardonnera l’assassinat de son amant, le cynisme du traître, la vergogne dans la lâcheté. Lovelaces de caserne ! qu’ils soient vos éternels remords les fiers dédains de ces belles filles d’Italie, si belles que la nature semble les avoir créées dans les transports de son premier amour !

Mais quoi !… Le maréchal duc de Reggio, le Président Bonaparte, le Saint-Père Pie, les grandes ombres de Charlemagne et de Napoléon, la Religion et la Discipline vous contemplent, les yeux jaunis de fiel. Quoi ! les Autrichiens, les Espagnols et les Napolitains, impatients de vous imiter,