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gubre précédera la fanfare du clairon. Toujours la hyène sortira de sa tanière quand la nuit s’éveillera sur les monts couverts de neige, quand tout bruit d’armes aura cessé, quand l’étincelant cimeterre sera rentré au fourreau, quand la poussière recouvrira le canon du fusil bronzé, quand le cheval aura brisé sa sangle, et que le cavalier sans vie sera couché sous un buisson. Toujours, toujours aussi, le vil bourgeois cherchera sa nourriture dans les entrailles de l’ouvrier ; toujours il exploitera ses travaux et ses combats, et sa vie, et sa mort.

La question fut donc bien posée en juin 1848, entre l’intérêt et la jouissance, l’épargne et le bonheur, l’exploitation et le travail, le drapeau tricolore et le drapeau rouge : — entre la Bourgeoisie et le 59 Prolétariat. Pour la conservation de l’humanité, pour le salut de la Révolution, pour le nôtre, pour l’honneur des morts de juin, pour nos enfants et pour nos aïeux, laissons-la sur ce terrain, et ne cherchons plus à associer des intérêts éternellement incompatibles.

La bourgeoisie mourra, comme elle a vécu, dans l’impénitence finale. Elle n’est pas assez désintéressée pour se suicider, elle ne peut pas l’être ; il faut qu’elle succombe, étranglée par une force supérieure.

D’où viendra cette force ? Question redoutable. Hélas ! jamais le prolétariat ne se relèvera si désespéré, si géant, si glorieux, si ferme dans ses principes, si absolu dans son programme, qu’aux