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plus, le chef des prêtres et les chefs des soldats ; que faisaient les bourgeois ?

Oh ! qui décrira les précautions qu’ils prirent pour sauver leurs épargnes ? Qui dira leurs sueurs froides, leurs angoisses et leurs nuits blanches ? Qui dira leurs trahisons, leurs crimes et leurs assassinats ? Qui saura jamais tous leurs exploits nocturnes, et le nombre d’hommes désarmés dont ils aplatirent les cervelles sur les murs de leurs églises saintes ? Qui dépeindra leur allure martiale après le danger ? Qui répétera leurs Te Deum et leurs chants d’orfraie ? Qui rapportera leurs dénonciations et leurs calomnies imbéciles ? Qui retracera les tortures que leurs tourmenteurs infligèrent aux malheureux qui gémissaient dans les hôpitaux et dans les casemates ?…

Le dégoût et les larmes m’arrêtent… Moi qui trace ces lignes, j’ai vu des juges d’instruction de la République modérée fouiller comme des chacals dans des moignons saignants et d’horribles plaies d’armes à feu. Et je n’avais pas qualité pour m’opposer à ces saturnales !

Cruauté dégradante et lâche ! Fange et Carnage ! Oh ! que l’obèse bourgeoisie soit maudite à jamais ; qu’on sème le sel et le soufre sur l’emplacement de ses boutiques, et que la miséricorde de son Dieu soit légère à son âme graisseuse !

Et cependant, il est encore des gens qui croient à l’esprit révolutionnaire de l’épicier !!!

Insensés, insensés ! Toujours le corbeau noir suivra les armées brillantes, toujours son cri lu-