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Salut ! ouragan qui disperse les feuilles des codes et les débris des armées. Salut ! archange de la Révolution !

Écoutez le tonnerre des épouvantements !

Que la terre bondisse sur ses fondements, comme, sur le trépied, la Pythonisse possédée par l’Esprit ! Qu’elle s’entr’ouvre, afin d’engloutir toute iniquité dans son enfer de lave ! Que son sein soit labouré par les sabots des chevaux, les crosses des fusils, et les baisers du canon !

Que les peuples se lèvent contre les privilégiés, comme les vagues des mers contre les digues élevées sur leurs rivages !

Qu’ils se répondent de monts en monts par des cris de guerre et des signaux d’alarme !

Que le tocsin résonne par les campagnes, allumant la rage dans les entrailles des paysans !

Que la plaine reste sans culture, la prairie sans bétail, la forêt sans chasseurs, et la vigne sans bourgeons !

Que les écoles soient désertées pour les camps ; — que les prêtres arrachent les croix de la terre pour en forger des glaives ; — que pas une jeune fille ne passe l’anneau des promesses au doigt de son fiancé ; — que pas une épouse ne devienne féconde ; — que pas un matelot ne déploie ses voiles au souffle de la brise !

Car ceux qui ont semé ne récolteront pas ; — les troupeaux ne seront pas abattus par ceux qui les auront conduits dans les pâtures ; — l’homme