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tes tête-à-tête entre un jeune homme qui pense et des morts qui ne parlent pas !

Semblables aux vents du midi qui brûlent les plaines sans les fertiliser, les imaginations comme la mienne consument rapidement leurs enveloppes d’argile. Quand elles s’appliquent à sonder les mystères de la science, altérées, haletantes, elles s’approprient vite les lois générales. Puis, lasses, désespérées, elles s’arrêtent devant la fastidieuse aridité des détails. Elles se blasent sur l’étude comme d’autres sur le plaisir, et rien ne saurait les faire aller plus loin ; car ce n’est pas l’intérêt, mais la passion qui les guide.

J’en étais là, et la main sur la conscience je m’étais demandé souvent s’il n’aurait pas mieux valu pour moi trouver l’ennui au fond d’une coupe qu’à la dernière page d’un livre.




54 1er mai 1848.


RÉVOLUTION.


Réjouis-toi, mon âme veuve ! Voici venir ton nouveau fiancé qui s’avance sur un nuage de poudre ! Salut ! éclaire étincelant qui déchire le ciel noir. Salut ! cognée qui divise le chêne orgueilleux. Salut ! foudre qui secoue les flèches des églises. Salut ! épée qui fais voler les têtes des rois.