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Pourquoi des plaisanteries ? Pourquoi des chants lugubres ?… Pourquoi ? Pourquoi ?…

Et vous, homme grave, pourquoi vous rasez-vous ? pourquoi portez-vous corset ? Pourquoi prenez-vous des leçons de danse ? Pourquoi vous faites-vous poser des dents ? Pourquoi vous livrez-vous à la gymnastique de la reproduction ? Pourquoi passez-vous une heure à mettre votre cravate ? Pourquoi pêchez-vous à la ligne ? Pourquoi me lisez-vous ?… Pourquoi ? Pourquoi ?…

La vie est longue, et chacun la passe à sa façon. Je dépense mon temps le plus agréablement possible. Qui me répond que je vivrai demain ? Je veux écrire aujourd’hui ma pensée d’aujourd’hui. Je ne regarde comme perdues que les heures passées à réciter la grammaire et l’art poétique de Boileau, le prince des poètes frrrançais. Si l’homme demandait toujours le pourquoi et le comment de ce qu’il veut faire, il ne ferait jamais rien. L’hésitation est mère de l’Oisiveté bâilleuse et de l’Esclavage amaigri.

Gloire à toi, liberté !

Mon but a été de donner conscience à chacun de sa valeur, en entreprenant, moi inconnu, une révolte orgueilleuse contre toutes les autorités qui imposent aux hommes. L’unité humaine n’admet pas plus d’un individu ; l’unité sociale ne comprend pas moins de toute l’humanité. Je m’élèverai donc, et contre les intérêts des partis qui annulent l’individu, et contre les préjugés des nations qui scindent l’humanité.