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derniers de tous, Byron et Goëthe, foulaient aux pieds l’école ; — parce que je veux rester libre, et que le poète se rend esclave de la mesure ; — parce que, dans le domaine des idées, comme dans celui des faits, nous supprimons le gouvernement ; parce que, dans l’humanité future, les vrais poètes seront les esprits les plus rebelles à ce que nous appelons poésie.

Gloire à toi, liberté !

42 Pourquoi ne prenez-vous pas de conclusions ? Que voulez-vous ? Quel est votre système, enfin ? — Je n’ai ni système, ni conclusions à présenter ; je ne le puis pas, je ne le veux pas : je ne veux rien. Et quand je voudrais établir quelque gouvernement de Lycurgue ou d’Icarie, ou quelque organisation du travail, — ce qui est bien facile, — je ne le pourrais pas. Voyez plutôt ce que sont devenus les magnifiques plans de réédification de MM. Owen, Étienne Cabet et Louis Blanc ! Il ne reste de Fourier que ses justes critiques, ses analogies universelles et ses grandes prédictions.

C’est qu’il n’est qu’une chose au pouvoir de celui qui s’occupe de science sociale : marquer au crayon rouge tous les édifices qui doivent disparaître. L’homme est trop borné pour saisir l’ensemble des objets et des siècles qui concourent à la reconstruction des sociétés. L’humanité tout entière peut reconstruire, éternelle qu’elle est et maîtresse de son action dans tous les milieux.

L’homme qui cherche à élever ne fait rien que