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Je voudrais être assez fort pour réunir tous les partis dans une ligue contre moi. Je ferais voir qu’on peut déchirer tous leurs drapeaux, et sur un seul étendard noir, écrire ces mots sinistres : Ambition, Guerre. Je les défierais de clouer ma bouche à coups de foudre ; à tous ces hommes qui n’ont que l’intrigue au cœur, je montrerais ce que peut l’amour de la liberté.

Certes, il serait utile de faire rouler à la fois tous les masques dans la poussière, et de prouver que le moins dangereux des partis est encore celui qui gouverne, parce qu’il est moins hypocrite et plus rassasié que les autres, et qu’on peut en finir avec lui en deux jours de bonne volonté.

Que les hommes ne fassent plus de révolutions, tant qu’ils n’auront pas appris à se passer du pouvoir. Qu’ils n’écrivent plus, tant qu’ils ne seront point décidés à braver l’opinion.

Gloire à toi, liberté !

Les feuilles d’automne couvrent la terre d’un manteau de pourpre ; c’est leur parure et leur sang que les arbres abandonnent. Et voilà que mes années s’envolent comme les feuilles desséchées ; voilà que j’en suis à compter mes jours.

Mon entreprise n’avance pas comme je le voudrais ; c’est toujours d’un pied tardif que l’exécution suit les désirs aux ailes rapides. Oh ! quelles angoisses je souffre, quand je sens la terre trembler sous mes pieds, et que le tonnerre parcourt le ciel en grondant ! Pourquoi n’ai-je qu’une tête