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dans les femmes, et j’ai été trompé. Je ne crois plus qu’en moi. Car je sais ce que je vaux en bien ou en mal, et il n’est pas un homme dont je puisse en dire autant.

Pour écrire, il faut que je sente vivement ; je rendrais inintelligible la plus belle pensée d’un autre, parce que je ne l’aurais pas conçue moi-même dans la forme qu’affectionne mon esprit. Je ne puis penser ni comme un autre, ni d’après un autre, ni avec un autre. De même que je ne puis digérer à deux. Ce que ma conscience croit grand est grand, encore que toute cette société pourrie me soutînt le contraire. Je suis plus sûr de moi que des autres. L’homme n’est trompé que du jour où il consent à ne plus penser. Pourquoi voudrais-je être un autre ? Pourquoi les autres voudraient-ils être moi ?

Gloire à toi, liberté !

J’aurais bien pu mettre en tête de ce livre : « … Par Ernest Cœurderoy, docteur en médecine, ancien interne des hôpitaux de Paris, membre de la société anatomique, ex-délégué du peuple au comité démocratique-socialiste de la Seine, ex-membre du comité des Écoles, membre de la société l’Helvetia, proscrit, condamné à la déportation par la haute Cour de Versailles, etc., etc. » Cela se 38 fait, et cela produit bon effet. Ils appellent ces litanies des titres, des distinctions. Singulier abus d’une langue élastique !

Il me semble, au contraire, que plus j’accumu-