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dans mon récit des passages qu’il approuvera, d’autres qu’il condamnera ; aucun ne le laissera froid. Il en serait ainsi de tous les livres, si les auteurs apprenaient à s’observer et à se préoccuper moins de l’opinion.

Je ne crains pas que personne entreprenne une publication semblable. Car ce livre, c’est moi. Je n’ai pris aucun engagement, 37 ni dans le passé, ni dans l’avenir, ni avec les autres, ni avec moi-même. Si demain les idées que j’émets aujourd’hui me semblent fausses, je ne craindrai point de me contredire. Pour jouir entièrement de sa pensée, l’homme doit en rester maître, et ne pas lui laisser prendre des allures routinières. L’entêtement est fils de l’orgueil et père des sectes. Je ne demande la permission de personne pour publier ce qui me semble juste. Je souhaite à tous ceux qui se noircissent les mains avec l’encre de se passer de conseilleurs. Je ne m’en suis jamais bien trouvé.

Gloire à toi, liberté.

Je signe ce livre comme tout ce que je fais. Le voile de l’anonyme cache l’hypocrisie et la lâcheté ; je ne crois pas à la modestie. Je ne le mets sous le patronage d’aucune célébrité ; je ne suis d’humeur ni à solliciter des protections, ni à recevoir des refus. J’entends ne répondre que de moi. En fait d’idées, je ne reconnais ni ami, ni coreligionnaire, ni frère, ni père, ni mère, ni maître, ni disciple. J’ai cru en Dieu sans le connaître ; j’ai cru dans les hommes, et j’ai été déçu ; j’ai cru