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Papineau

pour plaider en faveur de l’instruction. Depuis vingt-cinq ans, « notre fille est muette » sur ce sujet.

Il y a quelques années, la Presse ouvrit une enquête pour connaître l’opinion de « l’élite » sur l’obligation scolaire. Il y eut des correspondances déconcertantes pour ceux qui tiennent à garder la lumière sous le boisseau. Des abbés se prononcèrent en faveur de cette mesure émancipatrice. Puis tout d’un coup, l’enquête fut close brusquement on n’a jamais su pourquoi. Ce qui fait que nous en sommes encore au même point qu’après la capitulation de Montréal. Nos journaux n’ont pas le courage du Canadien, après avoir avancé d’un pas, ils reculent de trois. Nous avons des palais magnifiques qui restent vides parce que l’enseignement secondaire a été négligé. Il n’y a pas de continuité dans les programmes scolaires, c’est pourquoi l’École des Hautes Études et les Écoles techniques ne donnent pas les résultats attendus. On a tenté d’atténuer les effets pernicieux de cette licence accordée aux parents de disposer du corps et de l’âme de leur progéniture en ouvrant des écoles du soir, mais elles sont peu fréquentées. Quand l’adolescent a travaillé tout le jour, il aime mieux dormir ou se distraire que d’étudier.

Le notaire Perrault, qu’on a surnommé le père de l’éducation, avait élaboré un projet d’enseignement gratuit. Toute sa vie, il a travaillé à la cause de l’éducation. Étienne Parent de même, mais leurs efforts ont échoué devant l’apathie des gouvernants. À l’avènement de M. Gouin, le projet longuement élaboré par le premier ministre Marchand fut remis dans les tiroirs d’où il n’est pas sorti.

Les Anglais ont eu la première bibliothèque publique de l’île de Montréal. Elle fut fondée en 1796 et contenait 2000 livres français et 6000 livres anglais. L’Institut Canadien, dont les livres ont été hospitalisés par l’Institut Fraser, fournissait des volumes intéressants à ses membres, quand il fut interdit par l’évêque Bourget. Depuis lors, toute tentative d’établir des bibliothèques publiques a été ouvertement ou sourdement combattue. Autrefois, il y a avait des livres et pas d’édifice pour les recevoir. Aujourd’hui, nous avons un temple