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État du pays avant la Révolution

sur des petits gâteaux qu’on avale arrosés de thé servi en de mignonnes tasses en porcelaine du Japon. — L’aqueduc, entreprise d’initiative privée, appartenait alors à M. Porteous, mais plusieurs avaient conservé leur puits ou s’approvisionnaient des porteurs d’eau. L’éclairage au gaz restait un luxe assez coûteux, seuls quelques magasins avaient adopté le nouveau système d’éclairage. Les lampes à pétrole n’étaient pas à la portée de toutes les bourses ; la chandelle de suif qu’on mouchait à tour de rôle, grésillait et faisait éclater les bobèches de cristal, tel était le mode ordinaire d’éclairage. La ville n’était pas sûre quand les magasins étaient fermés.

Les voies de communications par eau et l’hiver sur la glace étaient les seules qui permettaient aux cultivateurs d’apporter leurs produits à la ville. Les chemins du roi mal pavés et mal entretenus faisaient le désespoir des habitants. Durant la mauvaise saison, quand les rivières sortaient de leur lit, on n’osait pas s’y hasarder. Le clair de lune ne passait pas inaperçu dans ce temps. Les travaux des champs comme les promenades étaient subordonnés à sa croissance et à sa décroissance. On consultait l’almanach, le livre des livres, pour savoir les phases de la lune et le traitement des maladies. « The Quebec Almanach » est une des publications les plus anciennes du Canada. La collection Gagnon possède un exemplaire incomplet de 1791. Après la mort de Brown en 1789, ces opuscules sont connus sous le nom d’Almanachs de Neilson. Fleury Mesplet publiait un Almanach à Montréal en 1778. Celui qui savait lire dans l’almanach était un personnage craint et respecté.

La construction de l’église Notre-Dame fut commencé en 1824. Newton Bosworth dans son livre « Hochelaga Depicta » constate que Montréal a tellement prospéré sous la domination anglaise qu’il a fallu construire un temple plus spacieux pour contenir tous les fidèles. L’église paroissiale actuelle est la seconde construite à Montréal, la première ayant été détruite par la foudre lors de la « grande noirceur » qui terrifia tellement la population que, cinquante ans plus tard, ceux qui racontaient