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Le Nationalisme et Papineau


CHAPITRE VI.

LE NATIONALISME ET PAPINEAU.


Qu’ils le veuillent ou non, MM. Bourassa et Héroux ont pour ascendant direct et indirect, l’auteur des 92 résolutions. Ils ne peuvent avoir adopté sa politique et continué son œuvre sans se rattacher par cet anneau au passé toujours vivant à moins de briser la chaîne des traditions dont ils veulent le maintien. Nous nous garderons bien de dicter son devoir au Devoir, mais beaucoup d’esprits distingués s’étonnent qu’il ne soit pas sorti de son mutisme à l’égard de Papineau que sa gloire et son dévouement à l’Église auraient dû absoudre de son hétérodoxie. On a pardonné davantage à Constantin en faveur de la protection qu’il accorda aux papes. Ce n’est pas un exotique, celui-là, ni un faiseur, ni un opportuniste, il aurait bien mérité lui, l’incorruptible, le patriote sans peur et sans reproche, d’être loué par le plus chauvin de nos journaux quotidiens. Chacun y aurait trouvé son compte.

Il est incontestable qu’Asselin et surtout Fournier se sont inspirés de Papineau et des premiers Canadiens du régime anglais, pour rédiger leur doctrine politique. En refusant aux non-catholiques le droit de se dire canadiens-français et de faire partie de notre Société nationale, Bourassa et son entourage n’ont pas été dans la tradition des vieux nationalistes, dont ils se réclament pourtant. Leurs ancêtres politiques n’avaient pas une foi de parade, mais une croyance agissante et un patriotisme militant qui s’est traduit par des œuvres vivantes. Ils