Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
11
L’Âme de Papineau

faut le fanatisme d’un nouveau converti pour en faire honneur à notre gouvernement, lui qui pendant si longtemps a pillé, gaspillé les revenus des plus vieilles dotations en faveur de l’éducation et qui tient encore en CASERNES le plus beau collège de toute l’Amérique ; lui dont la créature, le conseil législatif, vient de rejeter une disposition législative qui autorisait les habitants du pays à se cotiser pour le soutien de leurs écoles.

« Oui, le conseil législatif, l’œuvre récente du gouvernement, vient de refuser pour les écoles un avantage dont les habitants du pays jouissent pour leurs ponts et leurs chemins…

« La Gazette continue : « Chacun suit librement la branche d’industrie honnête qui lui plaît. » — Grande merveille que le gouvernement n’oblige pas à être maçon qui veut être journaliste et à être journaliste qui veut être maçon !

— « On est aussi en sûreté dans sa personne et dans ses biens que dans aucun autre pays. » Cela veut dire en langage ordinaire qu’on ne confisque pas arbitrairement nos biens et qu’on peut sortir sur la rue sans courir le risque de se faire arrêter ou se faire donner la bastonnade à la Turque.

« Il faut cependant faire certaines exceptions ; par exemple dans une élection : il faut prendre garde d’agir à l’encontre des vues de leur seigneuries les conseillers législatifs et leurs honneurs les magistrats.

« Cet avis est écrit en caractère de sang sur les pavés de Montréal.

« Aux courses et ailleurs, il faut prendre garde de ne pas se quereller avec les émissaires de sa majesté britannique, car s’il arrive malheur à quelqu’un, le coupable ne se retrouvera pas et l’on ne se donnera pas seulement la peine de le publier. Quant à la « sûreté de nos biens », elle n’empêche pas l’exécutif de prendre des vingtaines de mille louis dans nos coffres et de vendre les terres du pays à des spéculateurs européens. Mais ce sont là des bagatelles qui n’empêchent pas la Gazette de s’étonner que nous nous plaignions. »

On savait ironiser dans le temps. On croirait tant l’article est frondeur qu’il émane de la plume de M. Bourassa.