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Papineau


CHAPITRE XXII.

MORT DE PAPINEAU.


C’est pendant qu’il promenait sa mélancolie sous les grands arbres dont l’ombrage lui était un apaisement que le noir séraphin vint le toucher de son aile. Il ne l’avait pas vu venir, tant il était absorbé en lui-même, déjà rentré dans son éternité. Mais d’autres qui le guettaient et voulaient attraper son âme au vol, accoururent dès qu’ils sentirent l’odeur de la mort. Un abbé, parent de Papineau se présenta au chevet de l’illustre mourant. S’il était venu porteur d’une simple bénédiction, on lui eut permis d’esquisser son geste consolateur ; mais il s’approcha de ce lit de mort avec tout un attirail de guerre, pour soutenir une lutte avec l’âme effarée, comme une barque attachée par sa corde usée au rivage et que le courant sollicite. Papineau, dont l’intelligence n’avait pas baissé, ne pouvait cependant, à cette heure de la dissolution, interrompre cette bataille de l’esprit et du corps, pour s’engager dans une discussion théologique. Il repoussa les secours d’un ministère dont il s’était passé durant sa vie et dit tout simplement avec calme : « Je ne puis croire !… »

Alors, M. Dessaulles, qui se trouvait près du mourant, prit le prétexte de cette déclaration formelle pour couper court à une entrevue pénible. L’abbé, qui était un honnête homme,