Page:Côté - Papineau, son influence sur la pensée canadienne, 1924.djvu/236

Cette page a été validée par deux contributeurs.
221
Papineau en exil

Il lui semblait impossible qu’elle refusât la tutelle d’une si intéressante et si riche pupille ? C’est peut-être par une miséricordieuse intention que le destin l’avait conduit aux États, pour qu’il pût intéresser le Congrès au sort du Canada français ?

« Le 4 janvier 1838, alors qu’il était à Hailsbury, il apprend qu’une assemblée de patriotes a lieu dans un parc d’Albany. Cinq à six milles personnes y assistent. Le soir, le gouverneur de l’État de New-York rend visite à Papineau. On cause des affaires du Canada. Le 13 du même mois le procureur général de l’État de New York se rend auprès de Papineau, ainsi que le juge en chef et autres personnes influentes, pour savoir dans quelle mesure le gouvernement américain pourrait coopérer à la révolution canadienne. Leurs délibérations sont tenues secrètes. Entre-temps on donne des spectacles et des soirées dramatiques au bénéfice des patriotes. À l’une de ces soirées une femme drapée dans un pavillon tricolore, coiffée d’un bonnet phrygien, lit une adresse aux réfugiés politiques. Elle est applaudie frénétiquement. » M. Amédée Papineau, fils du chef révolutionnaire, a consigné dans ses mémoires tous les incidents qui ont marqué le séjour de son père pendant son exil aux États-Unis. Ceux qui ont eu l’avantage de consulter ces paperasses posthumes, ont pu voir que Papineau, rendu sur le territoire américain, a continué à aider les révolutionnaires en utilisant à leur profit le prestige de sa personne et les belles relations qu’il avait entretenues avec le monde officiel.

Après des alternances d’espoir et de déception, il eut le chagrin de constater que les États-Unis refusaient de venir en aide au Canada. Au moment le plus inattendu, le secrétaire d’État, Van Buren, fit passer un bill de neutralité, ce qui anéantit l’espoir d’une invasion du Canada par les troupes américaines, tant caressé par les réfugiés canadiens. Le Pilate américain, pour se laver les mains du sang de ce juste immolé par l’Anglais, allégua le respect des traités dont ils avaient fait fi quand il s’agissait d’obtenir leur propre indépendance, la sauvegarde du droit des gens. Mots sonores dont se payait l’égoïsme de ces richards. Les financiers ne sont pas d’ordinaire