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La Contre-Révolution

dont il fut l’un des partisans, appeler « crimes » les représailles des victimes contre leurs bourreaux, ce n’est pas employer les termes justes et c’est manquer sinon d’élégance du moins de modération. Les desseins de certains ecclésiastiques ont cette ressemblance avec les desseins de Dieu, ils sont impénétrables… Étaient-ce des coups de crosse dans l’eau que donnait l’évêque ? Lui-même n’avait-il pas été conquis par l’idée révolutionnaire ? Pourquoi se dressait-il aujourd’hui contre ses alliés d’hier et les menaçait-il des foudres de l’Église ? Ignorait-il que cette attitude déconcertante lui aliénerait un grand nombre de ses ouailles ?

Saura-t-on jamais la tempête qui s’agita sous cette mitre avant qu’il en vint à une résolution extrême de renier son passé ? Pourquoi s’obstiner à rester sur le bateau qui faisait eau de partout ? Après l’anéantissement des espérances nationales les regrets étaient superflus. Il fallait tenter de sauver le diocèse de Montréal, compromis par le clergé… D’ailleurs, la réaction se faisait. Les plus violents d’autrefois devenaient thuriféraires. Les journaux étaient remplis d’adresses, d’expressions de loyauté, de témoignages de soumission, venus des différentes paroisses du Bas-Canada et des villages impliqués dans la révolution. « Le clergé qui, avant la Rébellion, avait envoyé des requêtes au gouvernement britannique en faveur de ce pays, dit un témoin du temps, ne manqua pas d’intervenir en cette occasion pour écarter les malheurs qui avaient fondu sur la population. » Voici une adresse signée par tous les prêtres du diocèse de Montréal, foyer de la guerre civile, que Lord Gosford fut prié de porter aux pieds de la Reine, ce dont il s’acquitta avec une réelle satisfaction :

À la Très Excellente Majesté de la Reine, la très humble requête du Coadjuteur des Vicaires généraux, Curés et autres Membres du Clergé du Diocèse de Montréal, dans la Province du Bas-Canada.

« Qu’il plaise à Votre Majesté, nous, les soussignés évê-