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Papineau

town. Mais le lieutenant Taylor, de l’armée anglaise, s’y porta en même temps que lui. Patriotes et constitutionnels se rencontrèrent tout près des frontières et se livrèrent un combat acharné durant plusieurs heures. Mais la mousqueterie anglaise encore une fois eut le dessus. Presque en même temps, les insurgés étaient battus à Beauharnois, entre Boucherville et Chambly. Ce fut la fin de l’insurrection. Colborne rentra à Montréal en conquérant, à la lueur des torches incendiaires et des fusées dont la trajectoire marquait le ciel de sinistres points d’exclamation.

Les Canadiens-anglais du Haut-Canada avaient eu aussi leur révolution dont MacKenzie avait été le Papineau. Mieux organisés que les Canadiens-français, ils en firent voir de toutes les couleurs aux Anglais. Mais, cette fois encore, la force brutale eut raison du droit, au moins temporairement. Les coups que les habits rouges avaient donnés, ceux surtout qu’ils avaient reçus finirent par leur faire comprendre que leur politique était dangereuse et mal avisée et qu’un gouvernement devait, pour se maintenir, emprunter quelque peu la forme démocratique de la république américaine pour empêcher le Canada de soupirer après les institutions des États-Unis.

Les Anglais comprirent qu’ils n’avaient pas pris les bons moyens de nous conquérir. Ce n’est pas tout d’être maîtres d’un pays, il faut l’être des habitants. Ils n’en firent pas l’aveu immédiatement. Par orgueil ils sévirent contre quelques rebelles, mais laissèrent la vie sauve à la plupart. Le canon, même l’unique canon de bois des insurgés, étaient arrivés plus vite à l’entendement de John Bull que les plus subtils raisonnements des hommes publics… La leçon fut profitable aux politiques d’Angleterre qui résolurent de changer de tactique. Il n’est pas besoin d’avoir passé par l’École Polytechnique pour savoir quelles ont été les causes de l’échec de la révolution.

1. L’absence d’un plan d’ensemble et d’une tête dirigeante : chacun combattait au petit bonheur, sans se concerter avec