CHAPITRE XIX.
LA CONTRE-RÉVOLUTION.
Nous touchons au quatrième et dernier acte du grand drame, la contre-révolution et ses derniers soubresauts. Le rideau tombe sur l’échafaud où montèrent tour à tour douze patriotes. Après une année d’une tranquillité factice, on put croire que la révolution était étouffée, mais il n’en était rien, le feu couvait sous la cendre. Six à sept cents insurgés dans les comtés du Sud, sous le commandement de Robert Nelson et du Dr Côté, n’attendaient que l’occasion favorable pour reprendre les hostilités. Nelson avait lancé une proclamation qui relevait le Bas-Canada de son allégeance envers la Couronne d’Angleterre.
La république était donc déclarée. En vertu de la nouvelle constitution, la tenure seigneuriale et la dîme étaient abolies ; l’Église serait séparée de l’État ; les sauvages devaient jouir de tous les droits civils et politiques du Canadien-français ; il n’y avait plus d’emprisonnement pour dettes ; la presse possédait une liberté absolue.
Sous le régime parlementaire qui devait prendre force avec la république, les élections seraient faites au scrutin et les membres de la chambre élus par le peuple ; les terres publiques et celles de la Compagnie des Terres de l’Amérique britannique du Nord devenaient biens nationaux. Ces doctrinaires nous faisaient entrer du premier coup dans l’âge d’or. Toutes les libertés que nous avons eues subséquemment et celles que nous