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Papineau


CHAPITRE XVI.

BATAILLES DE SAINT-DENIS ET DE SAINT-CHARLES.


Le premier engagement entre les Anglais et les patriotes eut lieu à Saint-Denis, sur les bords du Richelieu.

Le Dr Wolfred Nelson, le chef des patriotes, avant d’épouser les intérêts de la Nation avait épousé une Canadienne. Il jouissait d’une grande popularité dans le comté, où il possédait une distillerie. Il prenait le prétexte de ses visites aux malades pour préconiser l’idée révolutionnaire. Il avait la parole incisive, tranchante comme son bistouri, avec une force d’argumentation irrésistible. En quelques mois, il fit de cette paisible localité un centre d’insurrection.

Grand admirateur de Papineau, il se servait de son nom pour rallier les patriotes à sa cause. Ce nom agissait sur les foules comme un oriflamme. On ne discutait pas, on criait : Vive Papineau !… En avant !… Depuis quelques mois, c’était une guerre sourde, ou plutôt une guérilla. On n’était en sûreté nulle part : quand les Anglais s’avisaient de vouloir braver la population, il leur en cuisait. Si les loyaux n’allaient pas chercher la tête de Wolfred Nelson mise à prix, ce n’était pas faute d’envie de se payer le plaisir d’une décollation qui leur donnerait une prime en plus. Plusieurs citoyens avaient été mis en état d’arrestation, mais la voiture du docteur traversait les campagnes, sans qu’on osât l’arrêter. Des citoyens amis du gouvernement avaient eu juste le temps de déguerpir au