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Papineau

consolantes. Mais pour cela, comme disait Goethe : Reste fidèle à toi-même. Sans approuver la législation rigoureuse de Moïse contre les alliances avec étrangers, ni les violences du « Ne Temere » nous croyons que la tache de sang imprimée au front des aïeux ne s’efface pas plus que celle de Macbeth. Le mariage est, peut-être, la plus dangereuse forme de l’assimilation. Tout s’anéantit dans l’amour : le gouffre ne rend plus ses victimes…

N’oublions jamais que nous n’avons pas trop de toutes nos forces réunies pour gagner la partie suprême, celle qui nous assurera la possession du Québec, devenu un prolongement de la patrie française. Pensons à cette parole du Christ : « Toute maison divisée contre elle-même périra ». Les catholiques éclairés devront reconnaître qu’ils n’avaient pas le droit de retrancher du sein de la nation, ceux dont le credo diffère du leur et qui adorent le même Dieu. Ils font l’œuvre de l’impérialisme et consomment le suicide de la race.

La guerre européenne a réveillé le sentiment français chez les protestants de notre nationalité. M. Talbot-Papineau, petit fils de Papineau, qui pratiquait la religion de son père, le seigneur Amédée Papineau, dont l’abjuration fit tant de bruit, fut un des premiers à voler au secours de la France, quand elle lança au monde un appel désespéré, et qu’il ne fut pas seul à entendre. Il mourut sur le champ de bataille. C’était un jeune homme de grand avenir et qui soutenait avec honneur un nom bien lourd à porter.

Les descendants des anciens huguenots se sentirent remuer jusqu’au fond de l’âme par cette France chevaleresque dont les hauts faits égalaient ceux de l’antiquité. C’est alors qu’ils comprirent l’orgueil qu’il y a de se dire français et qu’ils ont institué dans leurs églises des cours pour l’enseignement de notre langue…

L’union des Églises est un problème de moindre actualité que l’union des Canadiens-français. Prenons la patrie et l’idéal français comme point de ralliement. Les Canadiens anglais n’ont pas encore rompu le cordon ombilical qui les tient