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Papineau

ses où il se trouvait placé.

« Le clergé, qui dominait la conscience des Canadiens, prêcha longtemps la défense du prêt d’argent à intérêt. Ainsi, le peu d’argent que les Canadiens avaient à leur disposition ne pouvait alimenter le commerce. Les Anglais fondèrent des banques en en retirèrent des profits immenses. Les Canadiens les voyaient faire et n’osaient pas les imiter de peur d’engager leur âme à Satan. Enfin, le clergé se ravisa. Il ne damna plus ceux qui prêtaient leur argent à intérêt : il en prêtait lui-même. Mais il était bien tard : les Anglais avaient accaparé la richesse monétaire du pays. »

L’auteur de cet article répond victorieusement, cinquante ans d’avance, à certains traits injurieux lancés souvent à l’adresse des Canadiens français, qui, d’après certains économistes, n’ont pas bien prononcé la « bosse du commerce », parce que leurs compatriotes d’origine anglo-saxonne disposent aujourd’hui de plus forts capitaux qu’eux et sont les maîtres de l’industrie dans le Dominion. Sous sa forme outrée, violente, cet article contient des vérités qu’il faut savoir. On ne doit, en histoire, négliger aucun filon qui peut nous conduire à quelque découverte importante pour la psychologie d’une race. Combien de fois nous avons entendu dire des Canadiens qu’ils étaient apathiques, dépourvus d’initiative, qu’ils travaillaient sans méthode et que c’était la raison de leur infériorité économique ? Ne laissons jamais passer une occasion de réhabiliter les Canadiens auprès de ceux qui s’appellent la race supérieure, et avec raison, mais parce que la chance leur a souri et qu’ils ont eu tous les moyens de réussite.

« Le Semeur canadien » était l’organe avoué des protestants français qui, dans le temps, nous l’avons dit, faisaient cause commune avec les libéraux. Il recommande en ces termes la candidature de M. Dorion, directeur-gérant du journal « L’Avenir » : « Nous aimerions que M. Dorion puisse jouir du privilège de plaider dans notre chambre la cause qu’il a embrassée avec tant de ferveur. Si l’on objectait qu’il est trop jeune,