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L’Institut Canadien

dans ce creuset que les pionniers d’hier, les paysans, se dégrossirent, se désincrustèrent de leur rugosité. On arrivait de partout, de Québec, de Trois-Rivières, de Chambly, de Sorel, de Berthier, de L’Assomption, de Saint-Jean, de Saint-Hyacinthe, de Châteauguay, de Saint-Eustache, où il y avait des cercles littéraires affiliés à l’Institut canadien ; étoiles pâlottes, trop éloignées de leur foyer, qui périclitèrent et s’éteignirent pour la plupart. Tous se portaient là, comme le sang d’un cœur immense aux poumons, pour se régénérer, se pénétrer d’un nouvel oxygène et revivifier leur patriotisme. Un lien de sympathie se nouait bientôt entre gens venus de loin, par des chemins « impassables », coupés de profondes crevasses en de légers traîneaux ou de sautillantes calèches, lesquels à chaque cahot menaçaient de déverser leur contenu dans un banc de neige ou dans un fossé de boue, pour entendre une conférence, applaudir les premiers essais d’un jeune écrivain, causer de la politique, en étudier les incessants problèmes, ou se produire eux-mêmes. Ils étaient si heureux de se revoir, de se serrer la main, dans cette enceinte hospitalière !…

Les noms suivants apparaissent sur la charte d’incorporation de l’Institut canadien, en 1854, soit huit années après sa fondation : Joseph Doutre, C. F. Papineau, L. Ducharme, V. P. W. Dorion, A. Cressé, W. Prévost, A. Tellier, S. Martin, A. A. Dorion, J. G. Barthe, P. Mathieu, J. A. Hawley, R. Laflamme, Joseph Papin, J. Emery Coderre, J. W. Hallemand, P. R. La Frenaye, F. Cassidy, Louis Ricard, Eugène Lécuyer et C. Loupret.

M. Dessaule, le président de l’Institut en 1862, nous fait connaître le mobile de sa création : « Il fut formé dans un but d’étude et de travail associés, de perfectionnement moral et intellectuel ; son motto a été : “Le travail triomphe de tout”. Voilà l’idée du présent. Et de là, il est passé à cet autre : “Altius tendimus”, qu’il a gravé sur son sceau, et qui est le mot de l’avenir : Nous tendons plus haut ! C’est-à-dire, qu’après avoir voulu le bien, nous voulons le mieux. Le travail, c’est le moyen, mais le progrès c’est le but. »